Christopher Orr : la musique Chaâbi au-delà des frontières

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Please find the English version of the interview after the French one.

Version anglaise de l’interview à la suite de la version française.

 

Christopher Orr

Christopher Orr

Si vous avez assisté à un concert de Chaâbi à Paris ces derniers temps, vous avez probablement croisé Christopher Orr, un jeune américain qui prépare actuellement un Doctorat en Ethnomusicologie, et qui porte un profond intérêt pour cette musique populaire algérienne. Cet intérêt l’a amené à Paris, où il étudie la relation entre la population algérienne et la musique Chaâbi.

Il a accepté de rencontrer Nawbah et de répondre à quelques questions concernant son étude.

Nawbah : Qui es-tu et d’où viens-tu ?

Christopher Orr : « Je m’appelle Christopher Orr, et je viens de Lancaster, une ville située près de Philadelphie, dans l’Etat de Pennsylvanie aux Etats-Unis.

Je suis élève à la Florida State University (F.S.U) où j’ai étudié l’ethnomusicologie pendant trois ans, avant de venir à Paris pour réaliser mon mémoire. »

 

N. : Parle-nous de tes principales activités à Paris !

C.O. : « Je suis plusieurs cours de langues : j’ai des cours intensifs de français, et j’apprends également l’arabe et le dialecte algérien avec l’Organisation Alphatis. Je travaille avec un professeur pour traduire les textes de Chaâbi.

Aux Etats-Unis, il n’y a pas beaucoup de ressources qui permettent d’apprendre les langues nord-africaines, donc il s’agit d’une opportunité unique pour moi !

La traduction des textes de Chaâbi représente une grande partie de mon travail. Les textes sont tellement poétiques et regorgent de métaphores. Il est donc important pour moi d’apprendre la langue afin de comprendre les images et les insinuations du poète.

J’organise également des interviews ethnographiques avec des musiciens locaux, qui me permettent d’avoir des explications complémentaires à propos de la musique et des textes.

En plus de tout cela, je prends des cours de Oud à l’Ecole des Musiques Méditerranéennes, avec Wassim Ben Chaoucha, un superbe professeur ! Il s’agit là d’un instrument musical fondamental en Afrique du Nord »

 

N.: Comment toute cette aventure a-t-elle commencé ? Quand as-tu découvert la musique Chaâbi ?

C.O. : « En fait, j’ai participé à une conférence organisée par le National Endowment for Humanities, un organisme qui, entre autres, finance les recherches liées à l’art, aux sciences humaines, etc.

C’était un programme d’été pour les étudiants qui avait pour thème la culture, les arts et la littérature en Afrique du Nord.

Je suis allée à la projection du documentaire El Gusto qui était au programme. J’ai aimé l’histoire du Chaâbi, l’histoire du peuple algérien, et j’ai beaucoup apprécié la musique.

Lorsque je suis allé à la conférence, je n’avais pas encore d’idée claire sur le sujet de mon mémoire. Je savais déjà que la thématique de l’immigration m’intéressait beaucoup. Après avoir vu le documentaire, je n’avais plus de doute concernant mon sujet ! »

El Gusto est un documentaire franco-irlando-algérien produit et réalisé par Safinez Bousbia en 2012. Il retrace l'histoire de musiciens juifs et musulmans séparés par l'Histoire il y a 50 ans, et réunis par leur passion commune : la musique Chaâbi.

Extrait du documentaire El Gusto (2012)

N. : Qu'est-ce qui t’a attiré dans cette musique ?

C.O. : « J’ai remarqué que la musique Chaâbi utilisait beaucoup le piano. Comme le piano est mon instrument de musique favori, j’imagine que c’est ce qui m’a attiré le plus au départ.

Lorsque j’ai commencé à en apprendre plus sur cette musique, sa signification, et sur ce qu’elle représentait pour les algériens, j’ai développé un grand intérêt pour l’histoire de l’Algérie, et pour ses relations avec la France. Cela m’a permis de mieux comprendre et de mieux apprécier le Chaâbi.

C’est amusant car plus je rencontre des gens, plus j’ai envie d’en savoir plus sur l’Algérie et la France ! »

 

N. : Te souviens-tu de ton premier concert de Chaâbi ? Qu'est-ce qui t'a le plus marqué ?

C.O. : « Mon premier concert a eu lieu en octobre dernier au Centre Dunois, dans le 13ème arrondissement de Paris. Merzak Boudjelouah, chanteur-compositeur et interprète, était la tête d’affiche ce soir-là, et a livré une performance authentique.

J’ai passé un très bon moment même si, bien sûr, je ne comprenais pas grand-chose car tout était en arabe.

J’avoue qu’à l’époque, j’appréhendais beaucoup mon mémoire et l’étude du Chaâbi car il y avait beaucoup de choses que je ne saisissais pas : la langue, la structure, les chansons, les refrains, les rythmes, etc.

Les morceaux sont comme enchevêtrés les uns dans les autres, on ne distingue pas toujours le début ou la fin d’une chanson.

C’est une musique qui est difficile à apprécier lorsqu’on n’est pas connaisseur. Evidemment, aujourd’hui, je la comprends beaucoup plus qu’à l’époque.

Ce qui m’a probablement le plus étonné, c’était l’interaction avec le public qui chantait souvent à l’unisson. Les gens semblaient savoir exactement quand il fallait danser et chanter. Le public avait l’air de passer un excellent moment, une réelle expérience communautaire, aussi bien pour les spectateurs que pour l’orchestre. »

Extrait du concert de Merzak Boudjelouah au Centre Dunois le 8 octobre 2016

N.: Comment as-tu été convaincu que ton mémoire devait traiter de la musique Chaâbi ?

C.O. : « Il existe bien sûr plusieurs écrits qui traitent de cette musique en général et de ses interprètes en particulier, comme El Anka ou d’autres grands musiciens, beaucoup plus en langue française qu’en anglais évidemment. Mais concernant cette histoire spécifique, celle de la présence de cette musique en France, et le lien entre l’histoire du Chaâbi et l’histoire de l’immigration, j’ai senti que c’était peut-être quelque chose que je pouvais raconter, une histoire qui n’a pas encore été relatée dans l’ethnomusicologie. J’ai senti que ce serait peut-être un espace que je pourrais combler.

Plus je faisais des recherches, plus je trouvais cela intéressant et fascinant, et j’ai pensé que je pourrais écrire à ce sujet. »

 

N. : Quelle a été la réaction de ton entourage lorsque tu leur as parlé de ton projet ?

C.O. : « En fait, ma famille savait déjà quel type d’étude je faisais, à savoir l’ethnomusicologie.

Mes professeurs étaient ravis que j'aie pu trouver ce sujet car tout semblait coïncider et se mettre en place en ma faveur.

J’ai obtenu une bourse d’étude de la part de l’Ambassade de France aux Etats-Unis. Ils ont senti que le projet était pertinent. J’ai également contacté le Centre de Recherche en Musicologie à Paris.

Jean Lambert, un des enseignants de ce centre, m’a été d’une grande aide. J’aime beaucoup son idée de l’importance d’étudier l’historicité des musiques arabes en lien avec l’ethnographie, en particulier lorsqu’il s’agit de traditions orales.

Par conséquent, plusieurs signes m’ont indiqué qu’il s’agissait de la bonne voie pour moi. J’ai ressenti beaucoup d’enthousiasme pour le projet de la part de mes contacts en France.

Quant à mes amis aux Etats-Unis, je ne pense pas qu’ils comprennent exactement ce que je fais en ce moment en termes de recherche. Une fois de retour aux Etats-Unis, j’aurai beaucoup plus de matière à leur montrer et à partager avec les autres. Et c’est ce que je voudrais faire éventuellement en tant que professeur.

Dans les pays anglo-saxons, il y a du retard concernant l’enseignement de la culture et des arts du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, et je sens qu’il y aurait une place pour moi, peut-être en tant qu’enseignant, de partager ce savoir. »

 

N.: Quelle chanson a tout déclenché ?

C.O. : « Tout en voulant m’éloigner des stéréotypes, Ya Rayah, une chanson culte de Dahmane El Harrachi a joué un rôle important dans ma découverte du Chaâbi. La chanson Chehilet Laâyani également. Pendant ma phase de recherche, avant de venir en France, j’étais tombée sur une vidéo d’Abdelkader Chaou à l’Institut du Monde Arabe interprétant cette chanson. C’est là que j’avais noté l’importance de l’interaction avec le public. A ce moment-là, j’essayais d’observer cette musique sous différents angles. Et cette vidéo a été un des facteurs qui m’ont convaincus de me lancer dans ce mémoire. »

« Il est très intéressant de voir la quantité d’informations que l’on peut trouver en ligne ! L’émergence d’Internet en tant que ressource a été l’un de mes sujets de conversation les plus fréquents avec les musiciens.

D’un autre côté, ce que j’ai trouvé très fascinant, en particulier concernant la musique andalouse, et dans une certaine mesure pour la musique Chaâbi, c’est la tendance à maintenir parfois certaines pièces secrètes.

J’ai récemment lu le dernier livre (The Lost Paradise) de Jonathan Glasser, un ethnomusicologue américain qui a étudié la San’a, musique andalouse d’Alger. Il y évoque ce secrétisme (culture du secret) dans la musique andalouse.

Je l’ai également remarqué pour le Chaâbi. A la mort d’Amar Ezzahi, un grand maître du Chaâbi, en décembre dernier, de rares vidéos de ses performances avaient été mises en ligne, puis immédiatement supprimées par leur propriétaire, qui estimait que ces vidéos étaient une propriété privée et non publique. »

N.: Pourquoi étudier le Chaâbi à Paris et non à Alger, le berceau de cette musique ?

C.O : « En fait le sujet de mon mémoire est vraiment la relation entre les Algériens et le Chaâbi en France. C’est pour cela que venir en France avait plus de sens pour mon mémoire. Néanmoins, visiter Alger et y étudier le Chaâbi est un projet que j’aimerais beaucoup réaliser à l’avenir.

En France, il y a de nombreuses ressources qui permettent d’étudier et de produire un bon mémoire.

J’aimerais apprendre le plus de choses sur cette musique, parler couramment l’arabe, et comprendre le maximum afin d’être capable d’enseigner l’histoire de cette musique et de l’immigration à travers le Chaâbi. »

 

N. : Comment es-tu rentré en contact avec la communauté musicale algérienne de Paris ?

C.O. : « Avant de venir à Paris, j’ai contacté le Centre Dunois pour leur dire que je venais réaliser mon mémoire sur le Chaâbi à Paris, ils nous ont très gentiment invités, mon épouse et moi-même, à assister à tous les concerts de l’année, et m’ont encouragé à me présenter et à parler de mes recherches au début de chaque concert.

Une fois sur place, c’est aussi grâce au Centre Dunois que j’ai pu rencontrer des gens. C’était vraiment un défi pour moi d’aller parler à des inconnus, car ce n’est pas du tout dans ma nature d’être extraverti ou de forcer la discussion, mais les personnes que j’ai rencontrées étaient très amicales. Le plus difficile est de construire le contact et de le maintenir dans la durée. Mais heureusement j’ai pu rencontrer de très belles personnes qui m’ont chacune amené quelque part ou présenté d’autres personnes à leur tour. C’est ainsi que, par exemple, j’ai assisté aux répétitions de la Chorale El Andaloussiya de Paris avec le Professeur Saâdeddine El Andaloussi, où j’ai encore rencontré des personnes intéressées par mon projet.

Je suis actuellement toujours en pleine phase de découverte. J’ai rencontré une quinzaine de musiciens, pour la plupart des amateurs qui jouent pour le plaisir et pour préserver cette tradition. J’essaie de comprendre pourquoi cela est important pour eux. On écoute du Chaâbi ensemble puis nous en discutons.

Une fois de retour chez moi, je prendrai un peu de recul sur tout ce que j’ai appris et je rassemblerai toutes les pièces afin de produire mon mémoire. »

Extrait du concert d'Al Andaloussiya de Paris en juin 2016

N.: Quelles sont les prochaines étapes de ta recherche ?

C.O. : « Pour l’instant, j’aimerais rencontrer le plus de personnes possible, réaliser des interviews, découvrir encore cette musique et observer le public lors des concerts.

Aux Etats-Unis, je continuerai à apprendre le dialecte algérien. J’aimerais également atteindre un meilleur niveau en français et en arabe. J’espère finir mon mémoire dans un an.

Si j’arrive à obtenir une bourse, peut-être que je repasserai en France pour continuer ma recherche ! J’envisage également des études postdoctorales, peut-être à Alger, en collaboration avec des chercheurs afin de continuer l’apprentissage de cette tradition musicale. »

 

N.: Qu’as-tu appris de cette expérience sur le plan humain ?

C.O. : « Cela a été une véritable expérience de rencontrer et de discuter avec les personnes. Il est encore un peu difficile pour moi de l’exprimer car je suis encore en plein dedans !

Mais en tout cas, j’ai été touché par l’amabilité et l’hospitalité des personnes que j’ai rencontrées, et par leur volonté de discuter et de travailler avec moi. C’est moi qui demande un service mais souvent les personnes viennent me voir de leur propre gré pour m’aider et me présenter à leurs connaissances. Cela révèle bien une chose : l’importance de cette tradition musicale et la fierté de pouvoir la partager avec le monde. »

 

Samira Taïbi

Christopher Orr : Chaâbi Music crossing borders

 

If you have attended a Chaâbi music concert in Paris lately, you have probably come across Christopher Orr, a young and friendly American PhD. student who has developed a great interest in this Algerian popular music. His interest led him to Paris in order to study the relationship of the Algerian immigrant community to this music and how important it is to them.

He agreed to meet Nawbah and answer a few questions about his background and his study.

 

Nawbah: Who are you and where do you come from?

Christopher Orr : “My name is Christopher Orr, and I come from Lancaster, a city near Philadelphia, in the State of Pennsylvania.

I have attended Florida State University (F.S.U.) for three years now. I am studying ethnomusicology. I attended classes of general knowledge of ethnomusicology at first, and then I had to choose a subject for my dissertation work, which led me to Paris!”

 

N. : Tell us about your main activities in Paris !

C.O. : “I do a lot of language learning : I have intensive French classes, and I am also learning Arabic and Algerian dialect with the Organisation Alphatis. I work along with a teacher to translate some Chaâbi texts.

In the USA, there aren’t so many resources to learn North African language, so it was a big opportunity for me. And it’s something I would even want to study after my dissertation.

A big part of my work is the translation of songs. Chaâbi texts are so poetic and full of metaphors. It is important for me to learn the dialect in order to understand the poet’s imagery and innuendos.

I also conduct ethnographic interviews with the local musicians, which enables me to get complementary explanation of this music and the texts.

I also study Andalusian traditions, which forms one of the main inspirations of Chaâbi music. I read blogs about Algerian music and history, French literature and other online resources.

In addition to this, I am learning to play the Oud at the “Ecole des Musiques Méditerranéennes” with Wassim Ben Chaoucha. He’s terrific! It is such a fundamental instrument in the region.”

 

N. : How did this adventure all start ? When did you discover Chaâbi music ?

C.O. : “Actually, I was attending a summer conference organized by the National Endowment for Humanities : it is an organism that, inter alia, sponsors research related to art, human sciences, etc.

This conference was like a summer program for students. The one I attended revolved around North African culture, arts and literature.

I attended the projection of the El Gusto documentary. I loved the history of Chaâbi, the story of the Algerian people, and I very much enjoyed the music.

When I attended that conference, I still didn’t know what would be the topic of my dissertation. I already knew I was deeply interested in the topic of immigration. When I saw the El Gusto documentary, I had no more doubt that Chaâbi music would be my dissertation topic! “

 

N. : What attracted you to this music ?

C.O : “Well, Chaâbi music uses a lot of piano, and the major musical instrument that I play is the piano. I guess that is what I liked the most about it at first.

When I started to learn more about this music, its meaning, and what it represented for Algerian people, I became eager to study the history of Algeria, and the relationship between Algeria and France. It made me understand and appreciate the music more.

The funny thing is, the more I interview people, the more I want to read about Algeria and France!”

 

N. : Do you remember your first Chaâbi concert ? When and how was it ? What did you find the most striking about it ?

C.O. : “My first concert took place last October at Centre Dunois in the 13th arrondissement of Paris. The star of the evening was Merzak Boudjelouah, a Chaâbi successful singer-songwriter, who delivered a truly authentic interpretation of this music.

I liked it a lot! Of course I did not understand much of it, because most of the dialogue was in Arabic.

I admit I thought at the time it would be very difficult for me to study Chaâbi music because I didn’t understand much of it: the language, the structure, the songs, the rhythm, the refrains, etc.

The songs sink into each other, you don’t really know the beginning nor the end of the song.

It is a music that is difficult to appreciate when you’re not a “connaisseur”. Of course, now I understand it a lot more than I did back then.

What I found the most striking was the interaction with the audience: people sang along, they knew exactly when to sing and when to dance. I was surprised at how much the audience enjoyed the concert. It was a real communal experience, for the orchestra and for the people.”

 

N. : How were you convinced that you had to write a dissertation about Chaâbi music?

C.O.: “Of course, there are a lot of books that touch on this music in general and on Chaâbi artists such as El Anka and other great musicians, much more in French than in English obviously. But in terms of this specific story, i.e. the presence of this music in France, and how much the history of this music is wrapped up with the history of immigration, I felt that it was a story that I could tell, and that hasn’t been told yet in ethnomusicology. I felt it was a hole that I could fill.

The more I looked into it, the more I enjoyed it, and the more I found the project fascinating, and I thought there was space for me to write about it.”

 

N. : How did your family, friends and teachers react when you told them about your project ?

C.O. : “Actually, my family already knew what type of studies (i.e. ethnomusicology) I was doing.

My professors were very happy with my dissertation topic because everything seemed to line up.

I got a scholarship for my studies through the French Embassy in the USA. They felt like it was a worthwhile project. I also got in touch with the "Centre de Recherche en Musicologie" in Paris.

Jean Lambert, one of the faculty of Centre de Recherche en Musicologie has been very helpful. I really like his ideas on the importance of studying the historicité (in the original French, or “historicity” in English) of Arab musics in conjunction with ethnography, particularly when speaking of largely oral traditions.

Thus, a lot of signs showed me that it was the right thing to do for me. I felt a warm enthusiasm of my French contacts in Paris towards this project.

As for my friends back in the USA, they don’t always understand what I do now in terms of research. But once I go back, I will have much more material to show them and share with them, which is also the main idea of the scholarship: to share the results of my research. And that is what I would want to do eventually as a teacher.

Of course there is a huge gap in the academics, in English-speaking countries, in terms of Middle-Eastern and North-African, artistic and musical culture, and so I think there would be space for me and for my career to share this knowledge, for example through teaching.”

 

N. Which song triggered everything ?

C.O. : “I don’t want to be stereotypical, but everyone knows “Ya Rayah” of Dahmane El Harrachi, a cult Chaâbi music piece. And also “Chehilet Laâyani”. When I was doing some research about this topic before coming to Paris, I found a video of Abdelkader Chaou performing that song live at the Institut du Monde Arabe. And I could witness through that video the audience interaction. At that moment, I was just exploring the project and trying to get as much perspective as possible. That video helped me make up my mind about this topic.

What is truly interesting is the amount of videos and information you can find online! The emergence of the Internet as a resource has been one of my main topics of conversation with the local musicians.

On the other hand, one of the most fascinating things I found, especially about Andalusian music and to some extent Chaâbi music, is that there is a tendency to keep some pieces secret and hidden from others. I read "The Lost Paradise" by Jonathan Glasser, an American ethnomusicologist who studied the Sana’a (i.e. the Andalusian music of Algiers) and published a book about it. It just came out. He points out this aspect of “secretism” in Andalusian music.

For example, when Amar Ezzahi died last December, some rare footages of him came out online, but were immediately removed by their owner, because they were considered to be a personal and not a public resource.”

 

N. Why study Chaâbi in Paris and not in Algiers, the city where this music was born?

C.O. : “Actually the topic of my dissertation is really the relationship of the Algerian immigrant population to Chaâbi music in France. That is why it made more sense for me to come to Paris than Algiers, although visiting Algiers and studying this topic is something I would be glad to do in the future.

Here in France, there are a lot of resources to study and produce a good dissertation.

I want to learn as much as I can about this music, to become fluent in Arabic, to understand as much as possible in order to be able to teach this music and the story of immigration through Chaâbi.”

 

N. : How did you get in touch with the Algerian music community in Paris ?

C.O. : “Before coming to Paris, I had written to Centre Dunois to tell them I was coming, and they told me I would be welcome to come at every concert with my wife, and make an announcement at the beginning to tell the audience about my dissertation.

When I arrived it was also through the Centre Dunois that I could meet people. And it was truly a challenging thing for me, it is really not my personality to be pushy and extraverted. I am not naturally that way, but people are very friendly. Although the tricky part is to get people to follow up with you. But luckily I met so many great people, and one thing led to another! For example, I attended the El Andaloussiya choral with Professor Saâdeddine El Andaloussi, then I met the singers there whom I could talk to about my project, etc.

I am still in the discovery stage, I have met around fifteen musicians, mostly amateurs who play for fun and for the preservation of this music. I try to understand why it is important to them, we listen together and talk about it together.

And I guess that once I go back to the States, I will take a step back and reassemble pieces together.”

 

N. : What are your next steps ?

C.O. : “For now, I would like to meet as many people as possible, to do more and more interviews, to discover the music and observe the audience.

Once I go back to the US, I will continue to study Algerian Arabic. I would like to improve my language as much as possible, French and Arabic. I hope to finish my dissertation within a year.

If I can get a grant, I will maybe come back to France as a follow-up trip! I am also thinking about a post-doc research about Chaâbi music, perhaps in Algiers, along with researchers to continue studying the music.”

 

N. : What have you learned so far in terms of human relationships?

C.O. : “It’s definitely been an experience for me to get to meet and talk to people. It’s hard to talk about it as I am still in the middle of it.

I have been taken back by people’s friendliness, hospitality and eagerness to talk to me, and how excited people are to work with me. I am the one asking for favors, but people go out of their way to come and help me and to introduce me to their friends. It reveals the importance of this musical tradition and the pride of sharing it with people all over the world.”

 

Samira Taïbi

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